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Manchot empereur

Manchot empereur 





Mesurant plus de un mètre de haut et pesant environ 35 kg, le manchot empereur (Aptenodytes forsteri) est un oiseau impressionnant.
Ce sont les seuls oiseaux à passer l’hiver en Antarctique. Quand la mer commence à geler en automne, les manchots partent vers le sud et sortent de la mer glacée dès que la glace peut supporter leur poids.
Le manchot empereur est le plus grand manchot des 17 espèces existantes.


Caractéristiques du manchot empereur

Balourds sur la terre ferme, les manchots empereurs sont extrêmement agiles dans l’eau. Ils utilisent leurs nageoires pour se propulser et leurs pattes ainsi que leur queue comme gouvernail.
Cette petite queue de 9 cm est très rigide.

Pour conserver une bonne vitesse, ils sautent comme des dauphins tout en respirant. Le manchot empereur peut rester 18 minutes en apnée et descend jusqu’à 450 mètres.

Pendant ces longues plongées, le cœur peut diminuer son activité jusqu’à 60%.
Le plumage est aussi efficace qu’une combinaison de plongée. Les plumes retiennent un matelas de bulles d’air qui procure une isolation thermique.

Sous l’eau, le manchot chasse les yeux grands ouverts, sa cornée étant protégée par une membrane nictitante.
La rétine lui permet de distinguer formes et couleurs. Il se nourrit de poissons et de calmars.

Si les manchots peuvent se permettre d’être inaptes au vol, c’est simplement parce qu’il n’y a pas de prédateurs sur la terre ferme en Antarctique.

Les pattes sont palmées. Longues de 10 cm, elles sont munies de trois doigts aux griffes acérées. Cela permet aux manchots d’avoir une bonne prise sur la glace.


Le crâne des manchots ressemble beaucoup à celui des procellariformes actuels tels que les pétrels. Cette ressemblance laisse supposer une origine commune.

Adaptés au froid, les manchots empereurs craignent la chaleur. Les variations climatiques sont susceptibles d’affecter les populations. Par exemple, le retrait temporaire du glacier de l’Astrolabe, et l’élévation de chaleur qui suivit, provoqua une diminution de 50% de la population de manchots de Pointe Géologie, en Terre Adélie.

Les couples sont extrêmement volages et changent chaque année. Il est vrai qu’ils entretiennent peu de rapports pendant le période de reproduction.
Le manchot empereur dispose d’une poche abdominale, un repli de peau, très richement vascularisée. C’est à l’intérieur que l’œuf puis le juvénile trouvent une protection contre le froid.

Trekking sur la banquise

Chaque année, pour rejoindre leur site de reproduction, une importante colonie de manchots empereur prend possession de la banquise de la Terre Adélie. Ils migrent vers l’intérieur des terres, dans des randonnées les entraînant à parfois 200 km du rivage.

A la fin du mois de mars qui correspond à l’automne antarctique, les manchots empereurs forment une interminable procession réunissant parfois des milliers d’individus. On pourrait penser qu’ils vont migrer vers des terres plus clémentes. En fait, ils se dirigent vers des terres encore plus froides.

En quelques jours, la mer s’est transformée en une immense patinoire.
Ces longues files indiennes cheminent avec une démarche caractéristique, dandinante et empruntée. Ils ne progressent qu’à la vitesse moyenne de 1,5 km/h.
Ils alternent la marche avec une autre technique plus rapide. Installés sur le ventre, ils rament à l’aide leurs « ailes nageoires. » Ils glissent ainsi sur les pentes glacées.

Le choix d’un site de reproduction si éloigné obéit à plusieurs exigences sécuritaires. Il doit s’agir d’une zone à l’abri des tempêtes marines. Il faut qu’elle soit isolée afin d’éviter les prédateurs.
Enfin, la zone doit être assez vaste pour accueillir des colonies qui peuvent atteindre 50 000 membres.

Comme les manchots ne se nourrissent qu’en mer, cette longue marche puis la période de reproduction les astreignent à un long jeûne.
Les manchots font preuve d’une incroyable résistance. Au terme de ces quatre mois de jeûne, un manchot empereur atteint à peine 55% de son poids d’origine.

Un blindage anti-froid

Le manchot doit affronter des températures extrêmes avec une température qui atteint – 50°C.

Afin de supporter des vents glacés de 200 km/h à 300 km/h, les manchots se blottissent les uns contre les autres.
Ce groupe compact est animé d’un manège incessant. Les oiseaux du centre relayent ceux des extrémités en permanence.
On a calculé que cette formation collective leur permet de gagner 25°C.

De plus, il dispose d’un système de régulation thermique. Son plumage est formé de trois couches de plumes rigides et courtes qui s’imbriquent entre elles afin que le vent ne puisse les soulever.
Leur base se tapisse d’une couche de duvet plus fin. A lui seul, le plumage assure 87% de l’isolation thermique. La couche de graisse assure le reste de la protection.

Pour compléter le dispositif anti-froid, nageoires et pattes sont irriguées par un réseau de vaisseaux sanguins.

Cette excellente adaptation au froid fait qu’une température de -27°C pour un homme équivaut pour le manchot à seulement -10°C.

Des crèches de glace

C’est dans la première quinzaine d’avril que la colonie arrive à destination. On ne sait pas comment chaque année les manchots retrouvent le chemin dans cette immensité blanche.
Les manchots constituent leurs colonies sur la terre gelée. Les mâles font la cour aux femelles pendant 3 à 5 semaines.
Les mâles chantent pour attirer les femelles. Quand une femelle répond au chant d’un mâle, le couple entame une série de gracieux mouvements. Le silence se fait dans la colonie autour du couple en train de se former.
Après cette phase de séduction, l’accouplement s’effectue rapidement.

Un œuf de 12 cm de haut est pondu au mois de mai. La femelle est épuisée et amaigrie.

Le mâle cache immédiatement l’œuf sous un repli duveteux de son abdomen pour le garder au chaud.

Le mâle a déjà perdu ¼ de son poids tandis qu’il faisait sa cour. Il doit à présent supporter 60 jours de jeûne.
Le passage de l’œuf est une opération délicate. La moindre maladresse et l’œuf se fendra ou gèlera en quelques secondes.

La femelle peut alors repartir en mer pour se nourrir. Le voyage sera long. Chaque couple mémorise parfaitement les particularités du chant de son compagnon.

On pense que ces modulations seraient également perçues par le poussin qui est encore dans l’œuf. Cela expliquerait que le bébé reconnaisse le chant de sa mère à sa naissance.

Les femelles ne reviennent au sein de la colonie qu’au moment où le poussin naît. Ce timing est primordial. Le mâle ne peut donner au poussin qu’une ou deux bouchées de la nourriture qu’il sécrète dans la paroi de son jabot.
Si la femelle est en retard, il devra abandonner le petit pour aller chercher de la nourriture. A ce moment là, il a perdu 40% de son poids initial et ne peut attendre plus longtemps.

Le mâle doit ainsi rester deux mois avec un œuf sur les pattes, en marchant le moins possible et toujours sur les talons.
Pendant ce temps, les femelles emmagasinent du poisson dans leur estomac pour leur poussin.

Fin juillet, le petit poussin naît. Il a faim et seule sa mère peut le sauver d’une mort certaine. Ce qui est incroyable c’est que le petit peut passer 48 heures sans manger. Dépassé ce délai, si sa mère ne revient pas, le mâle régurgite un peu de nourriture qu’il avait conservé au fond de son estomac en cas de retard de sa compagne.

Dès que la femelle revient, elle appelle son partenaire et met le poussin à l’abri sous ses plumes.

Bien sûr, toutes les femelles ne reviennent pas, victimes de prédateurs ou de la faim. De même, à leur retour, certains œufs ont éclaté avant la naissance, des bébés sont morts ou des mâles, trop épuisés, ont essayé de regagner la mer.


Le mâle est enfin libre et pressé de regagner la mer. Avant, il apprend son chant à son petit. Cet apprentissage est indispensable. Chaque bébé est nourri exclusivement par ses parents. Quand les jeunes sont rassemblés dans de grandes crèches, le seul point de repère est le chant parental auquel le petit doit répondre.


Pendant un mois, c’est la femelle qui nourrit seule son jeune. Au printemps, la fonte des glaces commence et le couple peut se relayer pour aller pêcher.

Parfois, certaines femelles qui n’ont pas de bébé tentent d’enlever un jeune dans la crèche.

Les petits sont victimes de prédateurs comme le pétrel géant.

A la mi-décembre, c’est la débâcle c’est-à-dire que la glace fond. Début janvier, le manchot juvénile plonge dans la mer. Il va demeurer en mer pendant 4 ans puis il reviendra dans sa colonie d’origine pour s’y reproduire.


mohameddouhaji7@gmail.com