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Frégate superbe

Frégate superbe





La frégate superbe est un grand oiseau marin très aérien, avec de longues ailes étroites et pointues, une queue fourchue et un long bec crochu. Son envergure peut atteindre 2,40 m pour une longueur de 1 m de la pointe du bec à l'extrémité de la queue. Son poids ne dépasse pas 1,5 kg ce qui explique son aptitude exceptionnelle au "vol à voile". La frégate superbe a une silhouette parfaitement adaptée aux vols dynamiques, avec seulement d'occasionnels et profonds battements d'ailes, changeant de position à l'aide de sa longue queue fourchue. Cette technique de vol a été étudiée, grâce au soutien financier de la Direction régionale de l’environnement de Guyane, par une équipe de chercheurs du CNRS. Pour mesurer leurs déplacements, les frégates ont été équipées d’une balise Argos afin de les localiser et d’un altimètre. Les enregistrements ont montré qu'elles pouvaient couvrir des distances de plus de 200 km et monter jusqu’à 2 500 mètres d’altitude. Pour parvenir à de telles performances, les frégates superbes utilisent les courants thermiques ascendants de l’air qui leur permettent de voler en économisant au maximum leur énergie. Grâce à leur poids très léger, elles se laissent porter en tourbillonnant dans les airs. Puis, elles redescendent en planant avant de se servir de “l’ascenseur“ aérien suivant. Cette technique de vol, qui limite les efforts physiques de l’animal, est la même que celle utilisée par les oiseaux migrateurs au cours de leur long voyage au-dessus des terres. Mais ces derniers évitent de survoler les mers car les courants ascendants n’existent pas au-dessus de l’eau. Ce n’est pas le cas dans les régions tropicales où la mer est assez chaude pour en produire en permanence ce qui permet aux frégates de longs et majestueux vols.

Cet oiseau est caractéristique des rivages maritimes tropicaux. Il niche sur des îlots rocheux du Cap Vert, des Antilles, en Amérique Centrale, en Guyane, sur l'île Fernando Noronha, et d'autres îles du Brésil. On le trouve sur les côtes, dans les mangroves humides et les ports. En Guyane, la réserve naturelle de l'île du Grand Connétable en abrite environ 500 couples.

Le mâle est noir avec des reflets violets sous la lumière du soleil. La gorge est ornée d'une poche membraneuse orange, qui gonfle en devenant rouge vif en période nuptiale. Le bec est gris et crochu, les pattes sont noires. La femelle également noire a la gorge blanche, comme son petit. La frégate superbe est généralement silencieuse, sauf à la colonie où le mâle émet des sons rapides, crépitants, tambourinants et tremblotants, et des claquements du bec. On peut également entendre des sons gutturaux en période de reproduction.

Pour se nourrir, la frégate superbe utilise ses compétences en vol pour attraper ses proies. En effet, son plumage n'est pas imperméable, et cela l'empêche de plonger sous la surface. Elle a donc développé une technique de chasse originale : elle repère depuis les airs les bouillonnements formés par les bancs de thons ou de dauphins qui traquent les poissons ou les calamars. Pour échapper à leurs prédateurs sous-marins, ces derniers sautent hors de l’eau où la frégate, qui s’est approchée de la surface les saisit au vol. Cette méthode est d’ailleurs bien connue des pêcheurs : la présence de frégates à basse altitude leur indique aussi celle de bancs de poissons. La frégate superbe se nourrit de poissons volants, de calmars, de crabes. Elle harcèle d'autres oiseaux pour leur faire régurgiter leur prise, elle suit les bateaux et récupère les poissons jetés à la surface, elle prend les poissons échoués et dérobe les couvées sur les plages, prenant les oeufs et les poussins des oiseaux marins, toujours en volant. Elle est l'un des principaux prédateurs des jeunes tortues marines, qu'elle capture à terre ou dans l'eau. Elle fréquente aussi les abords des décharges et des ports, ou elle récupère les débris de poisson.

Strictement diurne, elle dort à terre la nuit. Elle se repose sur les rochers et la végétation des îles et sur les mâts des bateaux. A d'autres moments, il lui arrive de prendre le soleil en s'allongeant avec les ailes étendues vers l'arrière. Elle est généralement solitaire loin des colonies, mais pourra se nourrir en groupes quand la nourriture abonde. C'est un oiseau grégaire.

Pendant la parade nuptiale, le mâle gonfle exagérément sa poche rouge membraneuse, semblable à un ballon (cette poche peut rester gonflée plus de 20 minutes) et parade avec la tête rejetée vers l'arrière et les ailes étendues. Autre phase de la parade : le mâle reste tranquillement posé sur un buisson bas, regardant la femelle qui vole au-dessus de sa tête. Il agite la tête d'un côté à l'autre, bat des ailes et chante. Si la parade est positive, la femelle vient se poser près de lui.

Parade nuptiale de la Frégate Superbe

La femelle dépose un oeuf blanc ovale (68 x 46 mm) unique. L'incubation dure environ sept semaines, assurée par le couple. Le poussin est nu à la naissance, mais acquiert très vite un duvet gris. Il peut s'envoler au bout de 4 à 6 mois, mais reste dépendant de ses parents qui le nourrissent pendant au moins 4 mois, puis c'est a femelle seule qui le nourrit encore pendant 8 mois. Ce qui explique que la frégate superbe ne se reproduise pas chaque année.
L'espèce est en danger, persécutée par les pêcheurs, notamment dans les îles du Cap Vert. La destruction de son habitat par l'extension des constructions côtières et le dérangement des colonies, font que cet oiseau pourrait bien vivre ses dernières décades.


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