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Chamois

Chamois 



Extrêmement agile et capable de bondir verticalement et latéralement à une vitesse de 50 km/h, le chamois (Rupicapra rupicapra) est un véritable acrobate sur les terrains les plus escarpés. Aujourd’hui, la plupart des chamois vivent en Europe et sont présent dans presque toutes les montagnes. Avec environ 500 000 individus, le chamois des Alpes représente la plus importante population de France.
Emblème de la montagne, avec la marmotte, le chamois n’est pourtant pas un adepte de la haute montagne. Il survit principalement sur les pentes herbeuses à moins de 2000 m d’altitude.


Portrait du chamois

Le chamois fait partie du groupe des rupicaprinés. Ce groupe constitue un intermédiaire entre les caprins (chèvres) et les antilopes.
Les rupicaprinés possèdent en effet, à la différence des deux autres groupes, des glandes « rétrocornales » (situées derrières les cornes) qui sécrètent une odeur permettant au chamois de marquer son territoire.

Son nom scientifique signifie « chèvre des rochers ». L’isard (Rupicapra pyrenaica) lui ressemble beaucoup. Présent essentiellement dans les Pyrénées, l’isard est cependant plus petit.
Les deux espèces se seraient séparées, il y a environ 10 millions d’années, lors d’une période de réchauffement. Les chamois des Alpes et ceux des Pyrénées ont alors évolués de manière différente.



Avec une hauteur au garrot de 75 à 80 cm pour un poids de 25 à 50 kg selon le sexe, le chamois est vif et très gracieux.
Il peut franchir des ravins de huit mètres de large et faire des bonds de deux mètres de haut.

Plus on monte en altitude, plus l’oxygène se fait rare et plus notre respiration devient difficile. Le chamois ne rencontre, lui, aucun problème grâce à ses gros poumons et son cœur musclé qui pèse 350 g.
En comparaison, le cœur humain ne pèse que 280 g pour une corpulence moyenne nettement supérieure.
La circulation de l’oxygène est également facilitée par le nombre de globules rouges : 12 millions par millimètre cube contre à peine 4 millions pour l’homme.


Concrètement, cela se traduit par des performances considérables pour le chamois : il grimpe un dénivelé de 1000 mètres en 15 minutes contre environ 4 heures pour l’homme.

Le chamois mue deux fois par an : une robe épaisse et imperméabilisée pour l’hiver ; une robe plus claire et moins chaude pour l’été.

Les cornes du chamois

Comme tous les bovidés, les deux sexes portent des cornes creuses. Elles sont composées d’une cheville osseuse recouverte d’un étui de kératine. On peut déterminer l’âge d’un chamois en comptant le nombre d’anneaux sur la face postérieure des cornes.

Elles sont légèrement annelées et mesurent en moyenne de 14 à 17 cm.


Chez le chevreau, les cornes apparaissent à trois mois. Elles poussent rapidement les trois premières années.

La vie sociale du chamois

Le chamois vit en groupe, la harde, de 5 à plus de 25 individus. La harde se compose des chèvres (femelle du chamois) avec leurs petits et les jeunes d’un an ainsi que de quelques jeunes mâles et de boucs.
C’est une femelle qui guide la harde.

La journée d’un chamois se compose de recherche de nourriture et de repos. Comme nous, les chamois dorment toute la nuit dans un endroit tranquille choisit par la femelle « guide ». La journée, il fait de longues siestes mais en restant vigilant.

Le chamois est un ruminant ce qui signifie que leur digestion est longue. Son menu, selon les saisons, se compose d’herbe, de bourgeons et de fruits.
Il boit très peu et l’eau contenue dans les végétaux lui suffit. Comme tous les herbivores, il a besoin de sel qu’il obtient en léchant l’eau ou les pains de sel laissés par les bergers.

L’hiver, il peut rester plusieurs jours sans manger. Il se contente souvent de lichens ou d’aiguilles de sapin. Les feuilles d’if, qui poussent en montagne, sont un poison toxique pour lui.
L’hiver est une période à risques et de nombreux chevreaux n’y survivent pas. De plus, des hardes entières se font parfois emportées par les avalanches.


Les chamois communiquent entre eux par des sifflements et différentes postures. Les mâles sont le plus souvent solitaires.
Ils ne se rassemblent qu’à la période du rut, durant laquelle de violents combats vont se dérouler.

La reproduction du chamois

C’est en automne que commence la période des amours. Les mâles deviennent nerveux et parfument leur territoire d’une odeur forte grâce à leurs glandes, situées à la base des cornes.

Un mâle peut s’accoupler avec plusieurs femelles à condition qu’il remporte plusieurs pariades (combats).

Le combat ressemble étrangement au combat des chevaliers d’antan. Chaque animal se fait face puis se lance vers l’adversaire, tête baissée.
En principe, le plus fort intimide le plus faible sans trop de dommages.

Le vainqueur gagne ainsi le droit de s’accoupler. Sa déclaration d’amour se résume à un chevrotement appelé « staccato ».
L’accouplement ne dure que quelques secondes puis le mâle repart pour conquérir une autre femelle.

Cinq mois et demi après, la femelle mettra bas un seul chevreau d’environ 2 kilos. Après l’avoir consciencieusement léché pour s’imprégner de son odeur, le petit se met à téter. Mère et petit restent isolés de la harde pendant une petite semaine puis quand le chevreau est assez dégourdi, ils rejoignent le groupe.

Après 10 jours, le jeune peut déjà brouter de l’herbe bien qu’il tête pendant ses deux premiers mois d’existence.
Très précoce, le jeune apprend très vite comment se débrouiller en suivant sa mère comme son ombre. Le chevreau ne peut survivre sans sa mère pendant les 4 premiers mois.

Vers 10 ou 11 mois, la mère écarte le jeune qui va rejoindre les autres immatures. A un an, le jeune prend le nom d’éterlou » si c’est un mâle et d’éterle » si c’est une femelle.
A 18 mois, le jeune aura déjà atteint sa maturité sexuelle.

Son espérance de vie est d’environ 20 ans.


La protection du chamois

La plupart des chamois vivent dans des parcs protégés. Les populations se répartissent des monts Cantabriques, à l’ouest de l’Espagne, aux monts du Caucase.
Il a été réintroduit avec succès dans les Vosges et le Massif central. C’est l’Autriche qui détient le record en abritant plus de 200 000 chamois dans ses montagnes.


Au début du XXe siècle, une dizaine de chamois furent introduits en Nouvelle-Zélande. Mais, l’opération fut une telle réussite que l’île fut bientôt menacée de surpopulation. Aujourd’hui, la population est contrôlée.

Les principaux prédateurs du chamois sont le loup, le lynx, le renard et les aigles. Mais, comme toujours, le plus destructeur est l’homme.
La chasse, le tourisme et certains sports comme le deltaplane ou le parapente sont autant de nuisances qui obligent le chamois à quitter leur quartier d’hivernage.

Tout bruit créé une panique au sein de la harde ce qui peut entraîner des chutes mortelles ou l’égarement des chevreaux, alors condamnés à mort.

Seuls les parcs naturels protégés apporteront la tranquillité à cet emblème de la montagne.


mohameddouhaji7@gmail.com