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Protèle

Protèle 





Le protèle (Proteles cristata) fait partie de la famille des Hyaenidae (Hyènes).

Les hyénidés ont une réputation de charognards mais sont finalement très méconnus. La hyène tachetée (Crocuta crocuta) est la plus connue. Pourtant, dans cette famille, l’animal le plus surprenant est sans conteste le protèle.
Si son allure générale rappelle celle des autres hyènes, le régime alimentaire du protèle est, lui, unique.

L'ancienne classification du protèle est Proteles cristatus.


Le protèle : une hyène insectivore

Très craintif, le protèle s’est spécialisé dans un régime alimentaire particulier. Il se nourrit presque exclusivement d’une espèce précise de termites : les trinervitermes.
Les repas sont uniquement nocturnes et le choix n’a pas été fait au hasard. Cette termite a une faible pigmentation du corps ce qui augmente la sensibilité au soleil.
De ce fait, ces insectes ne sortent que la nuit. Lorsqu’elles quittent leur termitière pour aller moissonner aux alentours, les termites forment des colonnes serrées de un mètre de long.

L’ouïe très fine du protèle est capable de détecter ces mouvements et il semble que l’odeur de l’acide formique soit également un moyen de repérage. Les soldats trinervitermes se défendent contre les prédateurs grâce à des fils soyeux de terpènes venimeux, à l'odeur d'aiguilles de pin. Le protèle tolère parfaitement cette arme chimique ce qui démontre sa longue adaptation.

A l’aide de sa longue langue mobile, enduite d’une salive gluante, le protèle va laper consciencieusement la colonne d’insectes.
Il est capable ainsi d’en absorber 250 000 par nuit. Sa dentition est adaptée à son régime car les dents jugales sont atrophiées. Les canines, par contre, sont très développées.


Quand l’hiver et la saison des pluies s’installent, les trinervitermes réduisent leur activité ; le protèle mange alors d’autres insectes et à l’occasion des œufs ou de petits animaux. Il devient plus diurne en cette saison. Cependant, il peut perdre jusqu'à un quart de son poids.

Malgré son aspect peu engageant, le protèle n’a rien d’un féroce prédateur africain, ni d’un charognard opportuniste. En hiver, il survit en restant inactif et se cache un mètre sous terre. Il économise son énergie en laissant baisser sa température corporelle.

Portrait du protèle

Il est rare de rencontrer un protèle en plein jour. Ces habitudes nocturnes sont liées à deux facteurs.
Tout d’abord, il faut savoir qu’en Afrique lors de la saison chaude, l’air ambiant peut atteindre les 45°C et la température au sol jusqu’à 75°C.
On comprend que le protèle préfère se reposer dans un terrier où la température ne dépassera pas les 30°C.

Il est plus menu que les autres hyénidés. Son poids maximum est de 14 kilos.

Contrairement aux autres hyènes, le protèle est généralement silencieux. Sous la menace, les cris vont de petits gloussements à un aboiement féroce, en passant par un rugissement étonnamment puissant.

Le protèle ne vit que 13 ans en moyenne en captivité; le record est de 15 ans. En liberté, sa longévité n'est pas connue.

Habitat du protèle

Sa spécialisation alimentaire le confine à de petits territoires. Deux populations séparées occupent le continent africain : la population du sud s’étend du Cap occidental, en Afrique du Sud, au sud de la Zambie ; celle du nord, du centre de la Tanzanie à la pointe sud-est de l’Egypte.

Il affectionne les plaines découvertes d’herbe ou de broussailles. Il partage une partie de son territoire avec la hyène brune.

Autour du domaine d’un protèle, on peut relever des bornes de marquage placées tous les 50 mètres. En deux heures de temps, un protèle est capable de déposer plus d’une centaine de balises odorantes.

Tous les hyénidés partagent ce besoin de délimiter leur domaine vital. Le protèle comme ses parents est doté d’une poche, située à l’entrée du rectum, qui comprend deux glandes. La substance blanchâtre qui est produite est particulièrement odorante.

Un couple occupe un territoire de 1 à 4 km².

Vie sociale

Le protèle est monogame. Le couple partage son domaine avec la dernière progéniture. Le territoire est défendu par les deux partenaires.

Le mâle est plus agressif que la femelle surtout pendant la période des amours. Il dort dans un autre terrier et retrouve les siens au coucher du soleil. C'est un père attentionné qui protège ses petits des chacals et autres prédateurs.

La saison de reproduction se situe entre juin et mi-juillet. Après une gestation de 90 jours, la femelle met bas 2 à 5 petits sous terre qui émergent au bout de trois semaines.

Le mâle garde les petits pendant que la femelle s’alimente la nuit. Les petits sont sevrés à 4 mois. Ils deviennent indépendants vers un an.

Les petits sont aveugles à la naissance. Leur mère les allaite et régurgite des insectes.

L’avenir du protèle

Le protèle, comme la hyène tachetée, dispose de nombreux atouts pour survivre.

Au Niger, des charognes empoisonnées à la strychnine ont été placées sur les territoires des hyènes rayées entre 1976 et 1980.
Malheureusement, outre les hyènes et de nombreux autres animaux, l’inoffensif protèle a également fait les frais de ce nettoyage par le vide.

Les produits anti-criquets sont également des armes meurtrières.

Cependant, bien que rare, sa population reste stable. Nul ne sait ce qu’il deviendra dans les quelques espaces qui resteront en Afrique dédiés au monde animal.

mohameddouhaji7@gmail.com