Loutre
Alors que ses ancêtres vivaient exclusivement sur la terre ferme, la loutre s’est parfaitement adaptée à la vie aquatique. La loutre d’Europe, la loutre du Canada et la loutre d’Amérique du Sud appartiennent à la sous-famille des Lutrinae. Ces loutres sont appelées communément « loutres de rivière ».
Les deux loutres les plus répandues dans le monde sont la loutre d'Europe ou loutre commune (Lutra lutra) et la loutre de rivière ou loutre du Canada (Lontra canadensis).
Longtemps chassée par l’homme, la loutre fait aujourd’hui l’objet de mesures de protection. Cependant, face à la pollution de nos rivières, la loutre reste bien menacée.
La classification de la loutre
La loutre fait partie de la famille des Mustélidés au même titre que le blaireau, le ratel, le glouton ou le putois.
La sous-famille des loutres, les lutrinés, comprend 9 ou 13 espèces selon la classification. Certains zoologistes regroupent les différentes espèces en trois genres alors que la classification commune les regroupe en cinq genres. Les principales caractéristiques prises en compte pour la classification sont: le registre vocal, la forme de l'os pénien (baculum) et l'aspect des organes génitaux du mâle.
La plus récente classification, établie en 1991, fait état de 13 espèces alors que celle de Davis, établie en 1978, n'en dénombrait que 9.
Cependant, toutes les loutres présentent des caractéristiques communes en dépit des différences de taille ou de comportement social.
Portrait de la loutre
Pas de « plouf » sonore, juste un léger remous froisse la surface de l’eau calme. Seule une partie du dos et deux petites oreilles sont visibles.
La loutre ondule silencieusement dans la rivière, les yeux grands ouverts.
Nul besoin de sortir la tête hors de l’eau pour respirer, ses narines, placées au-dessus de son museau dépassent légèrement de l’eau. Elle plonge et se propulse énergiquement pour réapparaître, un poisson dans la gueule, et s'installe confortablement sur le dos, pour savourer son repas en faisant la planche.
Une fois repus, la loutre va se reposer sur les berges.
Son évolution aquatique est d’autant plus surprenante que ses ancêtres étaient terrestres. Les traces les plus anciennes remontent à 25 millions d’années. Elles furent découvertes en France.
La loutre de rivière est pourvue de griffes puissantes, acérées et incurvées, afin d’attraper les poissons.
Les cinq doigts sont unis par une membrane très large.
On estime l’odorat de la loutre équivalent à celui du chien. Elle possède également une excellente ouïe. A l’air libre, sa vision ne lui permet pas de distinguer nettement les objets à plus de
Une loutre nage communément à la vitesse de
La fourrure de la loutre
La loutre est équipée d’une « combinaison » de plongée perfectionnée. La fourrure, très soyeuse est composée de deux sortes de poils :
La bourre, serrée et courte qui retient les bulles d’air et conserve la chaleur
Les longs poils de jarre lubrifiés sur lesquels glisse l’eau
La loutre entretient soigneusement son pelage car il ne faut pas que les poils s’emmêlent sous peine de ne plus être imperméables.
Les marques claires au niveau des lèvres ou de la gorge sont des « cartes d’identité » qui permettent aux individus de s’identifier sur un même territoire.
Mode de vie et alimentation de la loutre
D’une manière générale, la loutre est une solitaire. Elle possède un domaine vital qui lui sert de garde-manger, de dortoir et de lieu de reproduction.
Si une loutre empiète sur le territoire du voisin, c’est en principe l’indifférence qui prime. Cependant, des altercations surviennent. Les protagonistes se battent alors en essayant de s’attaquer aux parties génitales de l’adversaire.
Le combat peut d’ailleurs se solder par la castration de l’un des deux.
Pour éviter ce genre de désagrément, les loutres dépose leurs excréments « les épreintes » qui dégagent une odeur de poisson.
La loutre n’hiberne pas. Elle peut en cas de conditions difficiles migrer sur d’assez longues distances.
Elle est surtout active la nuit. Le reste du temps, elle se repose dans des abris installés près de l’eau.
Superprédatrice, la loutre trône au sommet de la chaîne alimentaire. Le poisson constitue l’essentiel des ses menus.
Elle est également capable de s’adapter aux ressources de son environnement. Elle peut ajouter à son menu des oiseaux comme la poule d’eau ou des reptiles, des insectes et des larves.
Mollusques et batraciens font également parties des proies. Enfin, en hiver, les mammifères tels les rats musqués, les ragondins ou les musaraignes aquatiques, ne sont pas dédaignés.
Fruits et champignons viennent compléter l’ensemble selon les saisons.
La loutre est une grosse mangeuse. Elle ingurgite chaque jour 12 à 15 % de son poids ce qui représente environ
La reproduction de la loutre
La maturité sexuelle est très précoce. Un mâle peut se reproduire dès l’âge de 18 mois. Dès que les mâles sont en âge de procréer, ils ne se tolèrent plus et les combats pour la place de dominant peuvent être violents, voire mortels.
Il n’existe pas vraiment de saison des amours chez la loutre de rivière. Les prétendants s’envoient des messages olfactifs.
Quand un mâle veut séduire une femelle, il frappe le sol de sa queue et suit à la trace sa nouvelle conquête.
Il s’ensuit des jeux nautiques qui se terminent par l’accouplement, en général dans l’eau, de 20 à 45 minutes.
Une fois l’acte accompli, la femelle réintègre son domaine. La gestation dure de 60 à 62 jours. Elle met bas dans un terrier aménagé appelé « catiche ». "Catiche" vient du vieux français "câtir" qui signifie "se cacher"
La catiche est installée sur une berge et l’entrée est dissimulée sous l’eau.
Elle donne naissance à 2 ou trois loutrons qui pèsent environ
A un mois, ils ouvrent les yeux. Ce n’est que vers 10 semaines, que les jeunes sortent du terrier. Ils sont allaités jusqu’à l’âge de 6 mois bien qu’ils pêchent seuls vers l’âge de 5 mois. Vers 8 ou 9 mois, la mère commence à houspiller ses petits car l'heure de l'indépendance est venue.
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